Sarajevo, la fée miroir

Publié le par Claire T

Sarajevo. J’ai gribouillé des notes confuses alors que tu mérites tant de justice, et puisqu’elle doit t’être rendue, je me dois de t’écrire avec justesse. La tâche va être rude, il faut dire que tu n’y mets pas du tien, jonglant avec tes collines aux milles lumières de fenêtres à la nuit tombée, ta rivière pourpre semblant teintée du sang qu’elle a vu couler, ton héritage ottoman, tes bâtiments marqués du sceau de l’empire austro-hongrois, tes années fastes sous Tito, et les stigmates de cette guerre qui n’était pas vraiment la tienne, mais qui est devenue celle de tout le monde et dont tu as été l’épicentre.

Il ne manquerait plus que tu sois capable de jouer les quatre saisons sur un weekend de trois jours, et le tour serait joué, tu passerais maîtresse dans l’art de la confusion, ou mieux, tu hisserais la confusion au rang d’art… Par des chemins mystérieux, telle une illusionniste, et peut-être aidée par le changement climatique (dont la réalité, sujette à controverse, permet à certains de maintenir l’illusion qu’il faut arrêter de ne pas s’en faire) tu l’as fait : un vendredi printanier, un samedi automne-hiver, et un dimanche estival.

Autant te dire que tu as su combler mon goût pour le chaos, nourrir ma curiosité, et que te qualifier de curieux chaos me semble juste, là où le curieux marque l’esprit, le titille et l’agite, et là où le beau ne saurait surgir s’il ne naissait pas du chaos. Curieux chaos, comme cette ville que j’ai tant aimée, et dont tu pourrais être la petite sœur des Balkans. Je me suis sentie chez moi chez toi Sarajevo, et tes étals d’épices, de fruits et légumes, tes petits cafés aux tables basses et aux mini-tabourets, et tes tapis tissés à la main bariolés, entre autres images d’un monde qui m’est aujourd’hui trop lointain, m’ont serré la gorge, pleine de salive nostalgique.

La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails. La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails.
La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails. La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails.
La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails. La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails.
La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails. La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails.

La fontaine Sebilj, dans le quartier Baščaršija (ottoman), souhaitait la bienvenue aux marchands, au temps des caravansérails.

Comme un présage, des perturbations annonçaient tes couleurs. Tu as su faire planer le mystère en ne nous laissant pas pénétrer tes zones aériennes, histoire de nous faire languir. Ce n’est pas chez toi que nous avons dû atterrir mais à Tuzla, à 120 kilomètres au nord-est. Une heure d’attente sur le parvis de l’aéroport et trois heures de bus moites nous séparaient. De belles collines verdoyantes pour la mise en bouche et les bas-côtés jonchés de déchets pour le contraste, ou pour nous rappeler que la centralité de l’écologie est une belle formule dans les discours de pays riches, mais que tu as d’autres préoccupations. Je me suis demandée où étaient les pays riches quand tu criais à l’aide, et je ne t’en ai pas voulu.

En fait je triche un peu, je t’en ai voulu sur le moment, mais maintenant que je sais je m’en veux. Sarajevo, tu m’évoquais une guerre parmi d’autres, sans plus. 1992, un an après la mort de Gainsbourg et la guerre du Koweït, l’année du traité de Maastricht, des événements épars qui avaient autant de poids que mon devoir de maths à rendre, j’avais 9 ans. Les années ont passé et je n’associais à ton nom que le pire mot de l’histoire. Maintenant que je crois en avoir compris le fin mot, je veux la partager, pour que tu ne sois plus victime de cette sombre association d’idées vagues, et qu’elles se retirent enfin.

1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines
1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines
1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines
1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines

1 et 2 - centre / 3 - Cimetière d'Alifakovac / District de Vratnik, l'une des collines

Pourquoi ces maisons criblées de balles, ces édifices en ruines, ces épaves dans des ruelles désertes où des chats courent après la poussière que fait glisser le vent ? Qu’y-a-t-il derrière ces murs qui témoignent de tant de souffrances et de plaies impansables, impensables et pourtant… Sarajevo, en visitant la galerie du 11/07/1995 et la galerie nationale de Bosnie-Herzégovine, le temps s’est arrêté, à ton image. Dehors il neigeait, dedans ça n’avait aucun sens. Il a fallu remettre les choses en ordre pour le saisir, et ouvrir quelques portes de plus avec les clefs de compréhension qui m’avaient été donné. Tant d’inconnues, de mystères, un labyrinthe dans lequel on se perd, tant et si bien qu’on pense avoir jeté les clefs.

La lecture binaire des événements, le jugement partisan, la pensée monolithique deviennent des refuges confortables dans lesquels on se retrancherait bien, à condition de ne pas se tromper de côté. Mais comme dans tous les conflits, tous ne sont pas méchants, tous ne sont pas gentils, et la faute à qui ne résout rien. On se renvoie cette balle éternellement, et tant qu’elle n’est pas au centre, elle exhorte les spectateurs à la haine mutuelle, alors qu’avant le match ils trinquaient au vivre ensemble.

zeljanica, bosanska kafa, pivozeljanica, bosanska kafa, pivozeljanica, bosanska kafa, pivo

zeljanica, bosanska kafa, pivo

En 1980, Tito meurt et le vivre ensemble peine à lui survivre, dans un pays assommé par une crise économique et son lot de désastres en chaîne : austérité, pénurie, et inflation exponentielles, menant à l’implosion. Le peuple travaille pour une bouchée de pain et dans leurs casseroles, seule la colère bouillonne. Les casseroles débordent et la colère est dans la rue. Les républiques les plus pauvres voient d’un mauvais œil celles qui s’en sortent mieux. Elles se sentent exploitées, trahies dans la fraternité. La lie des nationalismes est là, et les liens se détissent. Le 25 mai 1987, journée de célébration de l’anniversaire de Tito puis Journée de la Jeunesse, les témoins de la course de relais organisée à travers tout le pays, la štafeta  passant de mains serbes à bosniaques, ou de croates à slovènes, se transmettent pour la dernière fois. L’équilibre est fragile.

Les dirigeants ne s’entendent pas sur l’organisation à donner à leur fédération, d’autant qu’en son sein, Croatie et Serbie ont toujours été rivales, chacune ayant peur d’être dominée par l’autre, et  qu’autour, le monde communiste s’écroule, inspirant les peuples slaves, en désir de pluripartisme, de liberté et de droit à l’auto-détermination. À la faveur de cette nébuleuse, Milošević émerge et en deux ans, il est sur un nuage.

1987, en visite au Kosovo, où les Serbes se sentent menacés, il les invite à se défendre eux-mêmes et exacerbe les instincts nationalistes. Son ascension, à coups de propagande télévisuelle exhumant les corps de Serbes massacrés par les Oustachis (fascistes croates ayant exterminé Juifs, Tziganes et Serbes, pendant la seconde guerre mondiale), est fulgurante. Par d’habiles manipulations, il parvient à rassembler autour de lui la Voïvodine, en 1988 (en finançant les manifestations pour en renverser les dirigeants), et en 1989, le Monténégro et le Kosovo (déchu de son autonomie) et place à leurs têtes celles qui lui reviennent. En janvier de l’année suivante, la Ligue des communistes de Yougoslavie est dissolue, le stoppant avant la dernière marche vers le pouvoir ultime. Qui dit dissolution, dit élections. En avril, la Slovénie organise ses premières élections libres, suivie par la Croatie en mai, qui élit un leader nationaliste : Franjo Tuđman.

En utilisant la même rhétorique nationaliste, de manière inversée, il s’assoit confortablement sur son siège de nouvel homme du peuple, lui aussi. Les Oustachis ne sont plus des barbares sanguinaires, mais des hommes qui luttaient contre le communisme. Sur le plateau du jeu de pouvoir, le prisme est orientable, et la bille tourne dans la roulette, à jamais loin du centre. Le match est lancé. Les Serbes de Croatie proclament leur autonomie en Krajina, soutenus par leur nouvelle figure. Avec une population composée à 40% de musulmans, 31% de Serbes, 17% de Croates, et 12% d’autres minorités ethniques, la Bosnie n’a pas d’autre choix que de ne pas choisir, et veut croire en la neutralité. Toute autre option lui serait fatale, d’autant qu’elle n’a ni les moyens, ni l’envie de s’engager dans un conflit. Malheureusement, l’histoire a déjà prouvé que les dirigeants demandaient rarement son avis au peuple lorsqu’il s’agit d’assouvir leurs désirs de colonisation, marque de leur soif de pouvoir, insatiable. Sarajevo, symbole de l’harmonie multiethnique, où Bosniaques, Serbes, Croates, et d’autres minorités fréquentent les mêmes bars, les mêmes cevabdzinica, les mêmes échoppes, et dont seuls les lieux de culte diffèrent, se retrouve rapidement prise au piège des convoitises nationalistes qui l’entourent. Là où le multiculturalisme était une richesse, il présente maintenant un danger…

Mosquée - Eglise orthodoxe (au 1er plan, un cadeau d'un artiste italien à la ville en 1997) - Cathédrale catholique - Synagogue ashkénaze Mosquée - Eglise orthodoxe (au 1er plan, un cadeau d'un artiste italien à la ville en 1997) - Cathédrale catholique - Synagogue ashkénaze
Mosquée - Eglise orthodoxe (au 1er plan, un cadeau d'un artiste italien à la ville en 1997) - Cathédrale catholique - Synagogue ashkénaze Mosquée - Eglise orthodoxe (au 1er plan, un cadeau d'un artiste italien à la ville en 1997) - Cathédrale catholique - Synagogue ashkénaze

Mosquée - Eglise orthodoxe (au 1er plan, un cadeau d'un artiste italien à la ville en 1997) - Cathédrale catholique - Synagogue ashkénaze

Milošević et Tuđman se rencontrent, business is business, en avril 1991, pour discuter du démembrement de la Bosnie-Herzégovine. Le premier souhaite rattacher les territoires majoritairement serbes à son pays, et le second a les mêmes revendications pour les territoires croates. Deal. C’est sans compter sur le refus d’Izetbegović, leader musulman fraîchement élu, grâce à une coalition réunissant les partis nationalistes serbe et croate, et son propre parti, ironie du sort… Que resterait-il de son pays ? Quel signal enverrait-il à la majorité de son peuple ?

Le démembrement de la Yougoslavie s’officialise en juin de la même année, à travers l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie le même jour, le 25 juin 1991. L’Armée populaire de Yougoslavie (JNA), dirigée d’une main de fer en haut-lieu par Milošević, pour le moins irrité, se déploie pour contrecarrer ces sécessions. L’été 91 ne brille pas sous le soleil. Serbo-croates et Croato-serbes choisissent chacun leur camp, à l’instar de la République serbe de Bosnie, créée en janvier 92. En mars 1992, la Bosnie s’affranchit à son tour après consultation de la population par référendum, boycotté par la majorité des Serbes de Bosnie. Un projet de cantonalisation de la Bosnie, piloté par des diplomates européens, est signé par les trois forces en présence, mais Izetbegović refuse finalement une partition ethnique de son pays et retire sa signature. La guerre éclate début avril.

C’est le début d’une longue descente aux enfers. Sarajevo est assiégée par les forces de la JNA, déjà implantées sur ses collines. Seuls les éléments dépendant de la république de Bosnie-Herzégovine en sont retirés, tandis que les éléments serbes de la JNA rejoignent le camp de la République serbe de Bosnie, devenue indépendante, et dont l’armée constitue la majeure partie des troupes. Le blocus est total. La Bosnie n’a pas d’armée. La résistance s’organise tant bien que mal, à l’aide de pistolets fabriqués avec du matériel de récup. Boum bam bric broc. Bombardements, snipers embusqués, l'artillerie est lourde face à tes débuts guerriers contraints Sarajevo. Tu luttes mais ne cèdes pas. Les pluies d'obus meurtrières s'abattent et tels des parapluies magiques, des artistes continuent à faire vibrer ton cœur, certains se tournant vers l'Europe pour lui dire de ne pas t'oublier, d'autres maintenant ton théâtre ouvert pour te dire de ne pas t'oublier. L'Europe commente dans ses médias, l'Europe s'indigne, l'Europe tarde à agir, l'Europe n'agit pas. Que fait-elle ?

Les artistes de TRIO Sarajevo choisirent de rester dans la capitale, pour lutter à leur manière.

Des moudjahidines venus d'Afghanistan viennent soutenir leurs "frères musulmans", ajoutent à la barbarie ambiante la leur, et brouillent les cartes des décisions à prendre en dehors de tes frontières. Ton président est perplexe, mais à nouveau, quel choix a-t-il ? Le flux de cette aide maléfique aurait pu être stoppé par les mêmes personnes qui ne voulaient pas lever le petit doigt, mais il faut croire que ça aurait été beaucoup trop simple. Au lieu de ça, la CIA ne se contente pas de fermer les yeux, mais elle appuie cette armée de l'ombre en la finançant via des fonds de pays islamiques (Arabie Saoudite, Turquie, Iran, entre autres), et en assurant son débarquement sur les côtes croates, après ce qu'il est communément admis d'appeler "un arrangement entre gens de bonne intelligence". Au bout de tes lèvres, encore ce pourquoi ? Parce que les États-Unis ne veulent pas que la Russie s'en mêle, considérant la Serbie comme le dernier fief communiste en Europe. Mieux vaut refroidir les ardeurs russes, en prévision, que de plancher sur une résolution du conflit. Mauvaise recette, sensiblement reproduite à l'identique depuis... La junk food c'est de la merde, mais c'est si bon, pas vrai ? Affaiblir le continent européen est une belle offrande au Dieu pouvoir, que le monde paiera vite très cher. 

Les rangs de l’armée bosniaque sont grossis de 5000 fanatiques au cours de la guerre, qui reprochent aux soldats locaux leur manque d’ardeur au combat, et aux Bosniaques leurs mœurs décadentes. Cela ne les empêchera pas d’acquérir une autonomie totale et d’écraser opposants et civils. Les dommages collatéraux pèsent peu dans la balance contre l’idée d’un khalifat européen. Parmi eux figurent des recrues venues d’Europe, un avant-goût des décennies à venir. L’armée bosniaque est ternie par les méthodes de la brigade El Moudjahidin, et les desseins génocidaires se dessinent, incarnés, par Ratko Mladić, crayon d’or en la matière, à la tête des Serbes de Bosnie, qui s’empare progressivement des villes principales et des zones serbes.

La brasserie, qui n'a jamais cessé de fonctionner.

Conquête des territoires, torture, et terreur sont alors les seuls points de partage entre Serbes et Croates de Bosnie et Bosniaques. Sarajevo survit grâce à sa brasserie, dont les sources abreuvent les files d’attente devant ses portes, et grâce à un tunnel clandestin emblématique, le Tunel Spasa (Tunnel de l’Espoir) qui relie la zone bosniaque à la zone assiégée. L’entrée en zone bosniaque est située près de l’aéroport, protégé par les Nations unies (ouf), ce qui permet d’acheminer des vivres, du matériel de guerre, de l’aide humanitaire et d’évacuer malades et blessés à partir de juillet 93. Un pipe-line, des fils électriques et des câbles téléphoniques viennent bientôt compléter le sauveur de la ville. 

 

Sarajevo, la fée miroirSarajevo, la fée miroir

Mentionner ONU et sauveur dans le même paragraphe relève presque de l’ironie. Certes, la FORPRONU (Force de Protection des Nations unies) dispose de 45 000 casques bleus en position à l’aéroport en juin 92, et un couloir humanitaire est instauré. Mais il y a de nombreuses zones d’ombre dans la participation active des Nations unies à la résolution du conflit. Leur rôle n’est pas d’y prendre part mais d’assurer la protection des civils et de les aider. Pourquoi alors passer un accord avec les Serbes dès septembre 92 interdisant les Bosniaques d’accéder aux avions de l’ONU ? Pourquoi partager les vivres équitablement entre assaillants et assaillis ? Cette neutralité laisse perplexe. En janvier 93, l’ONU propose un second plan de partage, désapprouvé cette fois par l’assemblée des Serbes de Bosnie. Le conflit s’enlise. Il faut attendre l’émotion de l’opinion publique internationale suscitée par des massacres de civils, en juin de la même année, pour que l’OTAN impose un premier ultimatum aux Serbes, leur intimant de retirer leur armement lourd. C’est loin de tout résoudre, mais l’espoir, dont le tunnel commence à battre son plein, renaît. En mars 94, il est ravivé par un accord signé entre les dirigeants croates et musulmans de Bosnie, unis désormais pour lutter contre les Serbes de Bosnie. Ennemis intimes. Mais les Serbes ne battent pas en retraite. Au contraire, ils commencent à aller titiller les casques bleus dans les zones de sécurité, notamment sur le pont Vrbajna à Sarajevo, en mai 95, où ils parviennent à prendre en otages des casques bleus, déguisés en… casques bleus ! 

Les ponts sont toujours porteurs d'histoire, à Sarajevo en particulier. Ici le pont latin, à proximité duquel l'archiduc François-Ferdinand a été assassiné (élément déclencheur de la Première Guerre Mondiale, officiellement en tout cas).

Les ponts sont toujours porteurs d'histoire, à Sarajevo en particulier. Ici le pont latin, à proximité duquel l'archiduc François-Ferdinand a été assassiné (élément déclencheur de la Première Guerre Mondiale, officiellement en tout cas).

Cela vaut une première riposte, mais c’est seulement lorsque le summum de l’horreur est atteint qu’un terme est enfin mis à plus de trois années de chaos : Srebrenica. 
Srebrenica est une enclave musulmane, presque totalement désarmée dès avril 93, en zone contrôlée par les Serbes, à l’est de la Bosnie. Elle fait partie des six « zones de sécurité » de l’ONU. 
Fin mai 95, l’OTAN bombarde des positions serbes autour de Pale, non loin de Sarajevo. En représailles, les forces serbes bombardent plusieurs villes, dont Sarajevo, Tuzla et Srebrenica. L’OTAN réitère, et cette fois des casques bleus français et des observateurs de l’ONU sont capturés et emmenés sur des sites stratégiques, afin de servir de boucliers humains. Les Serbes ont là un précieux levier de négociation. Ils libèrent les otages en l’échange de l’arrêt des frappes aériennes à leur encontre. La suite est le paroxysme de l’irresponsabilité onusienne. 

Photos de graffitis réalisés par les casques bleus à Srebrenica... On peut les voir à la Galerie du 11/07/1995.

Photos de graffitis réalisés par les casques bleus à Srebrenica... On peut les voir à la Galerie du 11/07/1995.

Le général Bernard Janvier, commandant de la FORPRONU considère alors qu’il faut abandonner les zones de sécurité, pour limiter les risques encourus par ses forces. Le champ est libre pour les Serbes, qui avancent dangereusement vers Srebrenica début juillet 95. Les quelques 400 casques bleus hollandais sur place lancent des appels aux forces de l’ONU pour obtenir un soutien aérien, en vain. Le 10 juillet, les forces serbes du commandant Mladić s’emparent aisément de la ville abandonnée. Une colonne de 14 000 hommes s’enfuit pour échapper à la mort. Le lendemain, une marée humaine demande la protection de l’ONU, dont le QG est à quelques kilomètres, mais c’est sous le regard de casques bleus inertes que quelques hommes qui sont restés auprès de leurs familles en sont séparés par l’armée. Ils seront exécutés, ainsi que plus de 8000 hommes de la colonne en fuite, dont ceux qui se rendront. 

Ce génocide s’est déroulé au vu et au su de l'OTAN, qui faisait des vols d'observation au-dessus de la région. Les commissions d’enquête du Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), juridiction instituée par le Conseil de sécurité de l’ONU, ont l’éternité pour se dédouaner. C’est cette atrocité innommable qui décoince les grandes puissances de leur quasi-immobilisme. Le siège de Sarajevo est levé en octobre et les accords de Dayton sont signés en décembre. Ces accords, signés entre Milošević, Tuđman, et Izetbegović, légalisent la République serbe de Bosnie, en lui attribuant 49% du territoire. Tout ça pour ça ? Oui.

Peut être le siège d'une association de victimes, impossible de trouver des infos, mais on comprend l'idée...
La "flamme éternelle", éteinte pendant le siège.

Sarajevo, 22 ans plus tard. Je t’admire d’autant plus après avoir creusé dans ton histoire. Tu aurais pu me donner l’impression d’une veuve inconsolable d’un soldat inconnu. Au lieu de ça, j’ai vu tes âmes sourire, je les ai vues vivre, je les ai vues partager. J’ai entendu le récit de ce jeune guide musulman ravi de fêter Noël avec ses amis chrétiens, et celui du taxi qui nous expliquait, en allant à l’aéroport, sans haine, qu’on était à deux pas de la République serbe de Bosnie. Je ne savais même pas que ça existait, et les panneaux en cyrillique me troublaient soudainement. Tu m’as redonné envie de croire au « co-exist », qui n’est fragile que pour ceux qui refusent de le vivre, et c’est de ce refus que sont nées toutes tes plaies. C’est de ce refus que naissent toutes les plaies. Je voudrais tant que tu serves d’exemple…

"People are lonely because they build walls instead of bridges." - Joseph Fort Newton

Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.
Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.

Tramways et bus sont tous de couleurs différentes, et pour cause, de nombreux pays, dont la Turquie, ont fais des dons à la ville, pour l'aider à se reconstruire.

Vous aurez saisi pourquoi j'ai voulu creuser. Voici dans quoi j'ai puisé :

- deux excellents documentaires : "Yougoslavie, de l'autre côté du miroir - L'impossible unité" de  Vincent de Cointet, et "Guerre de Bosnie : les combattants d'Allah" d'Olivier Pighetti 

- un documentaire horrible "Srebrenica, plus jamais ça! de Morad Aït-Habbouche et Hervé Corbière

- plein d'autres documentaires Arte, des pages Wikipédia pas toujours très bien faites, des dizaines d'articles, des archives INA, des rapports... Bref, j'ai beaucoup travaillé, ça me tenait vraiment à coeur. 

Big up à Camille et Tiphaine, mes compères lors de ce voyage ! Peace, and love,

Claire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article